La Place des Arts n’a pas daigné répondre à nos questions
La Place des Arts accueillera dès mercredi Shen Yun Performing Arts, une troupe dirigée par un mouvement religieux controversé qui est notamment accusée, par une ancienne danseuse, d’avoir exploité des enfants.
Les affiches de Shen Yun pullulent au Québec. Leur publicité avec une artiste chinoise semblant flotter inonde les vitrines de magasins, les panneaux sur les autobus, les écrans de télévision et même vos réseaux sociaux.
Des affiches de la compagnie de danse ont aussi été installées sur des autobus de la Société de transport de Montréal (STM). PHOTO FRANCIS PILON / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
Cette troupe d’arts de la scène, qui fait polémique partout où elle passe sur la planète, sera à la salle Wilfrid-Pelletier du 9 au 13 avril. Elle prétend présenter une œuvre sur «la Chine avant l’arrivée du communisme». Toutefois, selon de vastes enquêtes du New York Times pour lesquelles plus de 150 personnes ont été interrogées, le spectacle de Shen Yun sert de vitrine et de vache à lait pour un inquiétant mouvement spirituel nommé Falun Gong ou Falun Dafa.
«Notre enquête a révélé que le groupe de danse avait exploité ses jeunes artistes, généralement des enfants d’adeptes du Falun Gong, en les payant peu ou pas du tout pour travailler de longues heures et respecter des horaires exténuants», a récemment rapporté le quotidien.
«Le groupe de danse, qui gagne énormément d’argent, a déclaré 266 millions de dollars d’actifs à la fin de l’année 2023», poursuit-on. Shen Yun est d’ailleurs en tournée mondiale depuis décembre, à travers cinq continents, jusqu’au mois de mai.
Silence radio à la Place des Arts
Les autorités de l’État de New York, où se trouve le siège social de la compagnie de danse fondée en 2006, ont aussi ouvert une enquête l’année dernière sur les pratiques de Shen Yun «en matière de travail».
Une ancienne danseuse de la troupe a pour sa part déposé une poursuite contre la compagnie, en novembre dernier, pour «travail forcé des enfants et violations du droit du travail».
Le NY Times a finalement révélé en février que Shen Yun fait désormais l’objet d’une enquête pour fraude de visas.
Le Journal a contacté la Place des Arts au sujet de cette compagnie de danse qu’elle accueille cette semaine. Nos questions au sujet des allégations et des enquêtes menées contre Shen Yun sont restées sans réponse.
Notons que le complexe culturel n’a fait aucune publicité dans son établissement ni sur ses réseaux sociaux pour ce spectacle dans la tourmente, selon nos observations.
Puissant groupe religieux
Le Falun Gong est une discipline traditionnelle chinoise qui est interdite depuis 1999 en Chine. Le mouvement est également très critique de Pékin, qui qualifie le groupe de «secte maléfique».
Li Hongzhi, chef de ce mouvement religieux âgé d’environ 70 ans, s’est installé aux États-Unis vers 1998 pour développer cette religion à l’étranger.
M. Hongzhi est celui qui supervise la troupe de Shen Yun, dont la musique et la danse transmettent un message anticommuniste chinois. Selon le NY Times, le mouvement spirituel utiliserait son journal The Epoch Times pour faire mousser ses spectacles dans le monde. Cette publication est d’ailleurs distribuée à Montréal en français.
Mike Kropveld, fondateur et directeur général d’Info-Secte à Montréal, confirme avoir reçu quelques demandes d’informations au sujet de Falun Gong au cours des dernières années.
«C’est un mouvement particulier parce qu’il est aussi politique que religieux. C’est très compliqué comme situation parce que si on critique Falun Gong, on peut ainsi donner plus de pouvoir au gouvernement chinois. Mais il faut en parler, oui», a soutenu M. Kropveld.
Shen Yun n’a pas répondu à la demande d’entrevue du Journal. Chaque fois que la compagnie de danse est visée par des enquêtes dans des médias ou par des détracteurs, elle prétend être victime «d’agents du gouvernement chinois».
Source Link: https://www.journaldemontreal.com/2025/04/08/shen-yun-a-montreal-un-inquietant-mouvement-religieux-sur-scene-a-la-place-des-arts